C’est à ce moment qu’entre en scène le SR français : Il dispose d’un agent qui n’est autre que le chef du bureau du chiffre à Berlin, Hans-Thilo Schmidt (Alias Asche pour le SR) ! Celui-ci, bien que membre du NSDAP et gauleiter de sa commune, prétentd agir par haine de Hitler. Il n’en dédaigne pas moins les subsides généreux versés par les services français. Schmidt nous fournit le manuel secret d’utilisation d’Enigma, des clés de chiffrage ainsi qu’un descriptif des modifications apportées progressivement à la machine. Accessoirement, il abreuve le SR de renseignements sur les Panzer-Divisionenqu’il obtient de son frère, futur général de la Wehrmacht. Asche sera logiquement fusillé à Berlin en 1943. Le MI6 recevra également des renseignements décisifs d’un réfugié juif qui a travaillé dans l’usine où a été construite Enigma.
Muni de ces documents les trois experts polonais réussissent à reconstruire un Enigma. Reste à concevoir des machines suffisamment  rapides pour tester assez de possibilités afin de trouver la clé de chiffrage du jour. Ces « Bombs » sont centralisées au centre de Bletchley Park qui dépend du GCCS (Governemental Codes and Cipher Service). Elles sont remplacées par le « Colossus » qui utilise des capteurs photoélectriques et des lampes électroniques au lieu de relais électromagnétiques. C’est le génie du mathématicien Alan Turing et de ses collègues qui permet la création de tels engins.
Durant la « Drôle de Guerre », les services de décryptage français qui ont recruté des cryptographes réfugiés espagnols de l’armée républicaine et les Polonais du BS4 fournissent au GQG de plus en plus de renseignements issus des messages chiffrés allemands. Le 17 janvier 1940, les services de décryptage français lisent le premier message chiffré d’Enigma. Pendant la campagne de Norvège, ils déchiffrent 1 115 messages et 5 064 pendant la campagne de France, y compris 126 clés différentes. A partir du 22 mai 1940, les Britanniques décrypte régulièrement les messages de la Luftwaffe. Il faudra attendre 1941 pour ceux de la Kriegsmarine et 1942 pour ceux de la Heer. Ultra devient la source tirée des renseignements d’Enigma en 1940. Pour la petite histoire, ce nom vient du code utilisé par Nelson lors de la bataille de Trafalgar. L’utilisation d’une telle masse de documents de grande valeur va, dès le début de son exploitation poser le problème de la protection de la source. En effet, si les forces allemandes constatent la mise en échec de toutes leurs opérations, elles risquent d’en tirer très rapidement les conséquences et de changer leur mode de chiffrement.
Le 12 novembre 1940, Ultra apprend à Winston Churchill l’attaque terroriste prochaine par la Luftwaffe de la ville de Coventry (Opération Mondscheinsonate). Le premier ministre, la mort dans l’âme, refuse tout renforcement de la défense aérienne de la ville. Le bombardement du 14 novembre tue 554 habitants et fait plus de 5000 blessés. Il convient de noter le rôle capital de Churchill dans la promotion des systèmes de déchiffrement auxquels il accordera toujours les moyens humains et matériels suffisants. Le 23 août 1941, une interception Enigma annonce le départ d’un important convoi de ravitaillement pour l’Afrikakorps. Après un vif débat avec l’amiral Dudley Pound, First Sea Lord, le bouillant premier ministre accepte de laisser passer les pétroliers afin de ne pas attirer l’attention de l’Abwehr.

 




Créer un site
Créer un site